lundi 4 octobre 2004

Envoûtants sushis...

Vous cherchez un endroit romantique, original et surtout délicieux ? Foncez donc en plein cœur du plateau Mont-Royal, au Bleu Caramel, un restaurant japonais spécialisé dans les plaisirs gustatifs de l’œil et des papilles.

Le Bleu Caramel
4517, rue de La Roche à Montréal - Métro : Mont-Royal (514) 526-0005

Un cadre zen
Pour commencer, son cadre feutré est tout simplement envoûtant. On dépose ses souliers à l’entrée et on s’installe à la japonaise, c’est-à-dire à une table basse, assis sur un tatami. Un éclairage tamisé, un aquarium à même le mur, une petite fontaine miniature ainsi qu’une ambiance musicale zen aspirent au ressourcement. Des ouvrages sur la culture japonaise sont mis à la disposition des clients. Ce restaurant fait également salon de thé et les amateurs viennent s’y recueillir tout en sirotant de subtils mélanges.

Les meilleurs sushis de Montréal
Bleu Caramel prépare indéniablement les meilleurs sushis de Montréal. Ainsi, nous avons tous littéralement succombé au charme irrésistible de ses succulents nighiris et autres déroutants makis, sans compter les créations culinaires. Les patrons, un couple québéco-japonais, préparent des recettes inédites à base de saumon frais ou fumé, de thon, de tilapia, d’anguille ou d’œufs de poisson volant. Une recette est ainsi inspirée d’un cuisinier japonais installé en Louisiane : elle s’appelle JMDT (pour Je M’ennuie De Toi). De gargantuesques sushis aux couleurs festoyantes comme l’Arc-en-ciel, le Kamikaze, le Bleu Caramel ou encore le Tobigo vous raviront le plaisir des sens depuis les yeux jusqu’aux papilles. De plus, un petit morceau de tempura glissé au cœur du sushi vous fera voluptueusement frissonner lorsqu’il éclatera sous votre palais.

Rituel nippon
Les plats sont précédés d’une soupe miso d’algues et de tofu qui vous mettront dans l’ambiance (à déguster avec des baguettes). Accompagnez le tout d’un saké tiède et vous voici baignant dans la culture japonaise.

Le caprice de Geisha
Le dessert est tout aussi savoureux. Son nom déjà laisse rêveur : un Caprice de Geisha… Il s’agit de morceaux de fruit recouverts d’une fondue au chocolat et présentés sur une coupe de glace pilée. Le but du jeu : attendre trois minutes que le chocolat se saisisse sur la glace afin de faire monter le désir. Le chocolat saisi à l’extérieur au contact de la glace est encore chaud à l’intérieur : une pure merveille pour les papilles !

Un autre dessert savoureux : le sorbet. Trois parfums au menu : gingembre, fève rouge ou thé vert. Les trois arômes sont uniques et délicieux.
À noter : Bleu Caramel propose aussi sa cuisine à emporter.
Crédit Photos : Christian Semaan

lundi 5 janvier 2004

Les tounes de Mes aïeux

Créé en 1996 à Montréal, le groupe Mes Aïeux réunit une gang de joyeux drilles à la fois musiciens et acteurs (comme Isabelle Blais dans Caïman Fu, certains membres du groupe sont connus au Québec en tant que comédiens). Dans la veine des groupes québécois qui ravivent le folklore (La Bottine Souriante, les Tireux de roches, les Cowboys Fringants, voire même le spectacle Québec Issime), Mes Aïeux partage également l’univers des nouveaux chanteurs à texte français, humoristes et socialement engagés, comme les Escrocs, les Joyeux Urbains ou encore Alexis HK, qui présentent un répertoire musical particulièrement éclectique sur fond de fredaines populaires. Le registre de Mes Aïeux propose ainsi un délicieux mélange de saveurs traditionnelles aromatisées d’épices actuelles, où les rengaines folkloriques se marient aux registres rock, funk et blues, mais aussi à des aspirations afro-cubaines, hip hop, reggae, hardrock et discos. Cette recette « funklorique » produit « un folklore génétiquement modifié constitué de légendes modernisées, de faits vécus romancés et de chansons grivoises ou engagées ». L’ambiance festive et enjouée du concert comme de l’album entraîne inévitablement le public et l’auditeur dans un tourbillon de rire, de chant et de danse.



Légendes
La fabuleuse « rencontre entre La Bolduc et James Brown »
 

Le nom même du groupe évoque le passé, tout comme son répertoire d’une part inspiré d’histoires traditionnelles du Québec et, d’autre part, teinté de rythmes folkloriques tels que le reel, le rigaudon ou encore la gigue. La « légende » du groupe raconte que l’illumination survint au cours d’une improvisation collective lors d’une soirée dans un appartement de la rue De Lorimier à Montréal. Un des tubes du groupe fut d’ailleurs composé dans cet appartement désormais mythique du 2096, rue De Lorimier à Montréal. Cette chanson phare aurait été, dit-on, « écrite en une demi-heure, paroles et musique, pendant un doux moment d’euphorie éthylique » :

Sur la rue De Lorimier, il paraît qu’à tous les soirs
ils refont le monde entier et ils tuent le désespoir

« 2096 (chanson à boire) »

Depuis la chasse-galerie d’Honoré Beaugrand (« Acabris, Acabras, Acabram », « Descendus au chantier ») en passant par la légende de la rivière rouge et l’éternelle « Prison de Londres » version disco, tout le monde danse sur les tounes de Mes Aïeux. Même le diable et le petit Jésus se déhanchent façon John Travolta :

Pis quand Jésus danse, c’est l’bout’ de tout’
Il transpire même de l’eau bénite
De peur d’en recevoir une goutte
Le démon décide de prendre la fuite

« Le yâbe est dans la cabane »


Outre les légendes et chansons traditionnelles, le répertoire du groupe s’inspire également d’événements historiques qui ont marqué le Québec (Les Patriotes et les référendums sont des références récurrentes) dont certains faits divers qui ont défrayé la chronique, comme « La Corrida de la Corriveau » contée sur un savoureux flamenco. Alors qu’historiquement La Corriveau fut accusée en 1763 d’avoir tué ses deux maris, dans la joyeuse chanson de Mes Aïeux, elle n’en tue pas moins de sept ! Enfin, le groupe raconte également des histoires tirées de son propre patrimoine familial : comme le grand-oncle Prémi considéré comme le plus grand gigueux du nord du Saguenay ou encore la matante Octavie qui, farouche avec son mari, engendra treize enfants après une confession révélatrice :

La messe a été dite, maintenant l’église est vide…
[…] Octavie ressortit au bout d’une heure et demie
Toute essoufflée, mal boutonnée […]
C’qui s’est passé sous la chaire restera un mystère.

« Juste et bon »
Métaphores
Contre-attaquer les empires
 

Afin de se réapproprier la culture héritée de leurs ancêtres, chacun des membres de la tribu Mes Aïeux incarne (et caricature) une des figures marquantes de la Nouvelle-France. L’indien Marc-André Paquet alias Mappy joue des percussions (depuis l’éternel tam-tam jusqu’à la batterie punk), le curé Éric Desranleau et le trappeur Frédéric Giroux jouent de la guitare mais aussi de la flûte et de l’harmonica, le caribou (Luc Lemire) s’illustre au saxophone, l’Irlandais (Benoît Archambault) à la trompette et au clavier, l’ange Marie-Hélène Fortin chante et joue du violon, tandis que le diable Stéphane Archambault chante et écrit les paroles. À tour de rôle, chacun intervient en fonction de son personnage dans une mise en scène théâtrale pleine d’humour et d’espièglerie.
Crédit photo : Francis René
Toutefois, un glissement métaphorique s’opère dans la seconde partie du concert lorsque la confrérie québécoise arbore les couleurs de la série culte Star Wars. Transformé, chaque personnage conserve néanmoins ses principaux aspects. En effet, le curé s’est métamorphosé en Obewan (la Foi), l’Indien en maître Yoda (le Sage), l’ange en princesse Leïa (la pure), le trappeur en Luke Skywalker (l’aventurier) et enfin le diable réincarné en Dark Vador (le côté obscur de la Force), accompagné par l’Irlandais devenu Yann Solo (l’allié) et Choubaka (ex-caribou) dont le saxophone rappelle le langage voluptueux des Wookies.

À la fois métaphore du monde face aux États-Unis et métaphore du Québec face au Canada anglophone, la rébellion contre la vague infernale de l’Empire devient le symbole de la résistance des diversités culturelles face à la mondialisation (scandé par le rap de « Qui nous mène ? »). D’où le titre du programme : « Mes Aïeux contre-attaquent »… Que ce soit face à l’empire américain ou face au magna de la presse people au Québec : l’empire Québécor.

Les petits se font bouffer par les gros
Y’a même pus de place dans les hôpitaux
Y’a pus de poissons dans nos cours d’eau

« Tout seul »


Amours
Quand le devoir conjugal devient un enjeu politique

 

En Histoire comme en science-fiction, les querelles familiales dégénèrent en conflits politiques (« L’héritage », « Vie de chien », « La Capitulation »). Ultime acte de résistance et remède infaillible contre l’amnésie, « Le temps des semences » devient l’arme de la Révolution des berceaux : en effet, afin de « repeupler le pays », il s’avère alors « juste et bon » de « relever ses jupons ». Cependant, Mes Aïeux tire un constat plutôt amer, bien qu’ironique, d’une société soumise à la tentation. Les histoires d’amours sont ainsi l’occasion de récits cocasses aux accents grivois où les femmes préfèrent leur silhouette à leur progéniture, l’ectasie à l’extase, et dont la morale demeure : « Méfiez-vous des jolies filles » (« Jamais la plus belle », « Rose la tulipe »).

Heureusement, l’invention de toutes sortes de « Remèdes Miracle » disponibles en libre-service à la pharmacie permet de guérir tous les maux d’aujourd’hui. En hommage à ces nouvelles drogues, une joyeuse chanson de gestes est entonnée et dansée par le public. Nos mouvements quotidiens prennent alors étrangement l’allure de l’accoutumance… Excellent remède contre la monotonie et le froid, Mes Aïeux ont également composé une sulfureuse bossa nova en hommage à un mets québécois réputé. Cette toune s’entonne tel un hymne national : « Patates, sauce brune et fromage »… En effet, un air traditionnel québécois ferait bien pâle figure sans sa mémorable poutine (ou « gratin de tubercules à la sauce brune »).

L’unique véritable déclaration d’amour de Mes Aïeux, tracée en filigrane à travers chaque chanson, est dédiée au Québec : « Sans anneau, ni discours, tout mon corps te dit oui ». Dans la lignée des poètes tel que Richard Desjardins, Mes Aïeux célèbrent en effet la culture « d’un pays qui n’en est pas un », notamment en perpétuant sa mémoire. Le souvenir étant d’ailleurs le fil conducteur du groupe (et « Je me souviens », la devise du Québec), une « chanson à boire » fournit un excellent prétexte pour se rappeler certains événements historiques et raviver l’espoir, voire la foi, d’un avenir tant désiré :

Une petite shot de Sambuca pour mettre le feu au Canada,
[…] un petit peu de liqueur d’anis pour octobre 70
pis on retombe dans la bière pour les défaites référendaires
[…] une petite shot, encore une shot, pour tous les patriotes
On pourrait faire un drame de la défaite des plaines d’Abraham
mais on continue à boire pour ceux qui verront la victoire…
[…] et pis une autre petite shot de Rhum pour le prochain référendum

« 2096 (chanson à boire) »

Site officiel : http://mesaieux.qc.ca