jeudi 15 novembre 2001

Aux Anciens Canadiens

Ce restaurant existe depuis 1966 et porte le nom du roman de Philippe-Aubert de Gaspé. Classé dans le guide du routard comme un « resto chic », la maison des Anciens Canadiens propose une excellente formule autour de 20 $ canadiens (soit une bière, un savoureux potage, un plat copieux et un dessert exquis pour moins de 15 €).

Des plats traditionnels québécois
Tous les plats sont typiquement québécois : tourtière aux cinq gibiers (caribou, castor, faisan, bison et wapiti), bourguignon de caribou à la crème et au vin de bleuet, magret de canard braisé au sirop d’érable, suprême de faisan grillé au vieux cheddar et sauce aux pleurotes, fricassée de poulet sur pâte feuilletée, ragoût de pattes de cochon et de boulettes façon grand-mère, cuisses de faisan aux fèves aux lards ou encore des œufs brouillés au sirop d’érable.
Quant aux desserts, la tarte au sirop d’érable est à se pâmer de plaisir…

Dans une maison historique
Le tout dans une des plus vieilles maisons de la ville décorée à l’ancienne : pierres apparentes, tableau de sculptures sur bois représentant des scènes traditionnelles (comme la couture, les semeurs, le soldat, le laboureur ou encore le repas familial avec grand-mère qui sert la soupe et pépé qui nettoie sa pipe contre son sabot de bois), assiettes en porcelaine, cheminée, nappe à carreaux, mobilier en bois, vitrines exposant des couverts ancestraux… Les serveuses elles-mêmes sont en costumes d’époque : coiffe en coton blanc, corsage lacé, chemise à manches bouffantes, jupe et tablier, sans oublier la mythique ceinture québécoise (comme celle que porte Bonhomme Carnaval).

34, rue Saint-Louis à Québéc (418) 692 1627
 www.auxancienscanadiens.qc.ca

dimanche 11 novembre 2001

Hockey



Un sport économique national

Le hockey est un sport difficile à suivre pour un néophyte. D'une part, les règles du jeu, relativement complexes, nécessitent plusieurs années d'apprentissage avant d'être assimilées. D'autre part, le déroulement du match est extrêmement rapide : l'œil non averti peine à repérer, non seulement les glissades de la rondelle, mais en plus, le va-et-vient incessant des joueurs qui entrent et sortent en permanence de la patinoire. Le plus perturbant demeure pourtant le colossal cérémonial qui accompagne la partie.

Tout d'abord, un écran géant à huit faces, placé au-dessus de la patinoire, attire sans arrêt l'attention du spectateur à l'aide de clignotants, de messages publicitaires et autres appâts commerciaux. Vidéos et affichages numériques sont diffusés simultanément. Impossible de s'ennuyer ! Les sponsors officiels du Centre Molson et de la Ligue Nationale de Hockey se partagent ainsi la vedette, en plus d'être placardés tout autour de la patinoire et même inscrits sous sa glace !

Ensuite, des jeux et animations sont proposés au public. Une bannière illustrant des applaudissements invite régulièrement les tribunes à la claque. Des indications telles que « plus fort ! » ou encore « Bruit ! » enflamment davantage l'arène. Lors des arrêts de jeu, des compétitions sont organisées tels que le plus beau baiser ou encore le meilleur supporter : une caméra filme les spectateurs qui, à la vue de leur image diffusée sur les écrans, entrent en action. Les plus fantaisistes sont rediffusés à la fin du match et gagnent des cadeaux. De plus, des jeux vidéos visuels contribuent à divertir la foule pendant les pauses.

Enfin, durant les tiers-temps, des numéros se déroulent sur la patinoire : ballets sur glace, mini-match de « sumo-hockey », jeux d'adresse avec de jeunes équipes… Des interviews d'entraîneurs, de sponsors et de spectateurs ponctuent le match pour des séquences d'une vingtaine de secondes (grand maximum !). Des temps musicaux sont également mis en place : un troubadour déambule dans le public avec un violon ou un harmonica pour deux périodes rigoureusement chronométrées de 30 à 40 secondes chacune (pas une de plus !). Et même, lors des nettoyages de la patinoire, avant chaque reprise de match, une voiture spécialement affrétée pour l'occasion lance, à l'aide d'un canon, des tee-shirts dans les gradins. Les tribunes entrent alors en liesse.

Dans cette panoplie d'activités et de promotion à outrance, chaque seconde est comptée. Pas un instant de répit n'est laissé. Une armée de vendeurs de pop-corn, bières, boissons fraîches, hot-dog et bonbons vadrouillent entre les rangées, pour éviter au public l'effort de se lever et de louper un moment de publicité. Un match dure ainsi deux heures et demie pour un jeu divisé en trois parties de 20 minutes chacune. Soit : 1 h 30 de réclames pour une heure de hockey…

dimanche 4 novembre 2001

Au royaume des beans...

Outre la poutine (plat québécois constitué de frites recouvertes de fromage en grain fondu et de sauce), comment passer 15 jours au Québec sans goûter ses délicieuses fèves au lard ?

La Binerie du Mont-Royal à Montréal
367 Mont-Royal Est, coin St-Denis - Métro Mont-Royal (514) 285-9078

Fondé en 1940 à Montréal, ce resto a été intronisé par Yves Beauchemin dans son roman Le Matou. L’étymologie du terme « Binerie » provient du mot anglais « bean », soit le flageolet. C’est un lieu où l’on sert des haricots. La spécialité de la maison sont donc les fameuses fèves au lard.

Ici, on vous propose une cuisine typiquement québécoise et « maison ». La particularité de la Binerie réside dans sa simplicité. Salle modeste et prix modéré. Pour une somme défiant toute concurrence, on mange une formule composée d’une soupe aux pois, d’un plat, d’un dessert et d’un breuvage. On y trouve également de la tourtière, du ragoût aux boulettes, du bœuf aux légumes, des fèves au lard, ainsi que des tartes au sucre et le fameux pouding chômeur (génoise baignant dans du sirop d’érable). Les plats sont copieux et consistants, tel le pâté chinois (espèce de hachis Parmentier avec des grains de « blé d’Inde » – du maïs – destiné, à l’époque, aux ouvriers chinois employés pour la construction de la ligne de chemin de fer). Bref, "ça nourrit son homme" comme on dit...


On y déjeune sur le comptoir et on discute avec les travailleurs du quartier, mais aussi des étudiants, des chauffeurs de taxi, des employés en cravate et quelques touristes (la Binerie figure dans tous les guides de Montréal). Les serveurs portent des polos beiges et des tabliers verts très « kétaines » à l’effigie de la Binerie (en vente à la caisse !). Sur les murs de la salle, sont affichés les articles parus dans la presse à propos du restaurant ainsi que les photographies des prestigieuses personnalités qui sont venues s’y restaurer (Serge Lama, Alain Souchon et d’illustres joueurs de hockey, dont Maurice Richard, entre autres).

Et bien saoulés au caribou
À la Molson et au gros gin
Y s’extasient sur nos ragoûts
D’pattes de cochon et nos plats d’binnes
Vu qu’on n’a pas d’fromage qui pue
Y s’accommodent d’un vieux cheddar
Et y se plaignent pas trop non plus
De notre petit café bâtard

 « Les maudits Français », Lynda Lemay, Du coq à l’âme, 2000.