dimanche 16 novembre 2003

Halloween...



« Nos ancêtres les Gaulois… »
… fêtaient l’Halloween 
!

Halloween : « Tradition d’origine écossaise et irlandaise fêtée dans la nuit du 31 octobre, veille de la Toussaint. Ses racines remontent au temps des druides, c’est-à-dire à l’époque pré-chrétienne. Les Celtes honoraient deux dieux majeurs, celui du Soleil et celui des Morts. Ce dernier, nommé Samhain, était célébré en automne, le jour de la nouvelle année celtique ».


Ce jour-là, la légende veut que les fantômes des morts se mêlent aux vivants. On allumait de grands feux pour éloigner les mauvais esprits. Chaque famille recevait de la braise recueillie dans ce feu sacré pour en allumer un nouveau dans son âtre et protéger ainsi le foyer tout au long de l’année. Depuis, la coutume demeure mais le feu est celui d’une bougie placée dans une citrouille.


À l’époque médiévale, la croyance populaire voulait que les elfes, les fées et les sorcières (qui prenaient parfois l’apparence de chats) apparaissent en ces périodes sombres et froides de l’année. On laissait ainsi à l’entrée des maisons afin d’apaiser les fantômes et d’attirer la bénédiction et la protection des fées pour l’année à venir. Des provisions de friandises permettaient de marchander tout mauvais sort et les déguisements en monstres étaient destinés à effrayer les esprits malins.


Cette coutume populaire fut peu à peu intégrée au rituel chrétien : en 837, le pape Grégoire IV institue en effet la Toussaint, le jour des morts… Halloween est d’ailleurs la contraction de « All Hallow E’en » qui signifie « veille de la fête de tous les Saints ». Tandis qu’en France la culture celte disparaît progressivement, la célébration de Samhain continue à se développer en Irlande, Écosse et Pays de Galles ainsi que dans certaines régions d’Angleterre.
 
Ces traditions d’Halloween furent ensuite importées par les Écossais et les Irlandais en Amérique où Halloween devint une fête nationale à la fin du XIXe siècle. La tradition s’est alors perpétuée avec une « valeur ajoutée » pour les enfants : celle qui consiste à aller sonner aux portes pour réclamer des friandises déguisés en sorcières, en fantômes ou en morts vivants en criant « Trick or treat, smell my feet or give me something to eat ! » et la citrouille a remplacé le navet afin de figurer le personnage de Jack-O’Lantern.
Photo : Anne Massot

mardi 4 novembre 2003

Les mignardises de Charlevoix

Spécialité culinaire : le veau de Charlevoix…
Fromage de la région : le Migneron

De magnifiques paysages composés de collines verdoyantes, de forêts et de prairies bordent le Saint-Laurent. Le relief est marqué dans la région de Charlevoix, créant d’étonnantes pentes à l’entrée des villages installés au creux des vallées (parfois jusqu’à 18 % !). Les maisons sont particulièrement coquettes. Fondé en 1678 au temps de la Nouvelle-France, le village de Baie-Saint-Paul fut le premier lieu d’établissement de la région. Il représente aujourd’hui encore une paisible escale pour le voyageur en pèlerinage sur les traces des explorateurs du XVIIe siècle. Enfin, il comble l’amoureux de la nature comme le plus gourmant des gastronomes...
La murale en 3D de Baie-St-Paul...

Baie-Saint-Paul
www.baiesaintpaul.com
Ville de peintres : amateurs ou professionnels, tous les habitants de Baie-Saint-Paul peignent. On trouve ainsi des galeries d’art tous les 10 mètres et des pancartes « Atelier d’artiste » ou « Exposition de tableaux » sur presque toutes les maisons. Quant aux autres, même s’ils ne l’affichent pas, ils peignent pour leur plaisir ou pour passer le temps : « À Baie-Saint-Paul, y’a beaucoup de talents ! Tout le monde n’expose pas, mais tout le monde peint ! »


Gîte Chez Marie-Marthe Bouchard
43, rue Saint-Joseph (418) 435-2927

Marie-Marthe vous accueille dans sa maison centenaire aux planchers qui craquent et au jardin avec petite fontaine et petite mare accompagnées de poupées, grenouilles, nains et flamands roses en céramique. Chambres confortables et déjeuners copieux : œufs, toast, fruits, gâteau et pour accompagner le tout d’exquises confitures maison à la fraise, à la framboise, à la prune, à la poire, à la rhubarbe et à l’érable.
Chez Marie-Marthe

Chocolaterie Cynthia
66-A, Saint-Jean-Baptiste (418) 435-6060

Visiter la Chocolaterie Cynthia, c’est à la fois entrer dans une maison centenaire et pénétrer dans l’univers enchanté du cacao. Véritable caverne d’Ali Baba chocolatée, ce magasin regorge de créations originales à base de délicats pralinés, d’exquises nougatines et autres fudges ahurissants : entre autres ses truffes raffinées et ses envoûtantes roses des sables. Ces délicieux chocolats ravissent même ceux qui n’aiment pas ça d’habitude. La quintessence du chocolat. Une spécialité : un chocolat aux bleuets frais… Tout simplement paradisiaque !

Restaurant Le Mouton Noir
43, rue Sainte-Anne (418) 240-3030

Un chef français cuisine d’excellentes tables d’hôtes composées de 4 services (entrée, entremet, plat, fromage et café) à partir de produits et de viandes régionaux : bavette de bison, tournedos de caribou poêlé aux champignons sauvages, médaillons de veau de Charlevoix glacés au chèvre et corsé au vin de Bourgogne, foie de veau poêlé aux oignons rouges et poivres concassés, lapereau mijoté en sauce avec pruneaux macérés au Cognac, des escargots sauce bourguignonne (oignons, tomates, lardons). Les fromages québécois sont délicieux : du Migneron (un régal) au cheddar extra-fort au lait cru en passant par le fromage bleu baptisé « Ciel de Charlevoix », servis avec bleuets, quartiers de pomme et cerises de terre. En dessert : crème brûlée à l'érable, gâteau aux carottes

NB : Non loin de là, les tables d’hôtes de l’Auberge des Peupliers (Lauréat national de bronze des Grands prix du tourisme Québécois 2001) à Cap-à-l’Aigle et l’Auberge de la Petite Madeleine au Port-au-Persil (ne servent que le soir) sont réputées pour leur fine cuisine régionale.

L'hiver : découvrez L'art de glisser sur la neige...
Chalet à louer à Baie-Saint-Paul : http://www.lamaisonsurlariviere.com

dimanche 3 août 2003

Québecissime

100% Québec
En hommage au répertoire québécois, le spectacle Québec Issime se produit chaque été depuis 1995 dans la région du Saguenay et du Lac-Saint-Jean où il ne cesse d'évoluer ajoutant de nouveaux tableaux et de nouvelles chansons à son programme. Présenté également à Montréal et à Québec, il conquiert chaque année un public grandissant. Cette production présente ainsi 32 artistes et 126 chansons pour une durée totale de trois heures de spectacle. Une invitation originale et intelligente à parcourir l'histoire de la Belle Province à travers son vaste répertoire musical.
Je suis d'Amérique et de France
Je suis de chômage et d'exil
(…) Je suis une race en péril
(…) Je suis notre libération
Comme des millions de gens fragiles
À des promesses d'élection
(…) Je suis Québec mort ou vivant !

« Le plus beau des voyages » (Claude Gauthier, 1972)

Le spectacle débute par un film : un magnifique montage chronologique réalisé à partir d'images d'archives liées à l'histoire du Québec. On y voit successivement des danses traditionnelles (rondes populaires, gigue et rigaudon), un bûcheron au travail, des paysans, un cimetière, des files d'attente de pauvres gens, un train, un avion, une usine à papier, des journaux qui s'impriment, des travailleurs en grève, des femmes, une messe, des religieuses, des livres, des enfants, un couple qui s'embrasse, Charles de Gaulle prononçant son mythique « Vive le Québec libre ! », des manifestations pour l'indépendance du Québec, René Lévesque (fondateur du parti québécois) et son « À la prochaine fois ! » suite au premier référendum de 1980, des hippies, un feu dans la rue, les Jeux-Olympiques, un drapeau québécois… Accompagnée de la chanson « Gens du pays » de Gilles Vigneault, la projection s'avère d'autant plus émouvante : Pour ces cœurs à qui je souhaite le temps de vivre leurs espoirs.

De Céline à la Bolduc...
Pis j'en ai un sur le bout de la langue
Pis qui m'empêche de turluter
Pis ça me fait bégay-gay-gay, bégay-gay-gay, bégay-gayer

« J'ai un bouton sur le bout de la langue » (La Bolduc, 1932)

Comme l'indique son sous-titre, le spectacle Québec Issime se construit sur le répertoire québécois d'hier et d'aujourd'hui. En quinze tableaux rigoureusement réglés, regroupant chacun une série de chansons autour d'un thème ou d'une époque, se répondant les unes aux autres de manière très efficace, la troupe remonte progressivement le fil du temps. Le spectacle débute ainsi avec la plus internationale des stars québécoises, Céline Dion, et son lancinant « S'il suffisait d'aimer » pour finir avec les rengaines populaires d'antan. Ce bouquet de chansons retrace avec magie l'histoire musicale du Québec.

Durant près de trois heures, trente-deux artistes se lancent dans un véritable marathon musical et scénographique. À la fois chanteurs et instrumentistes, ils se succèdent dans un imbroglio prodigieux de chassés croisés, passant du micro à la guitare, du piano au chœur, d'un costume à un autre (parfois aussi vite que le célèbre transformiste Arturo Brachetti), brassant les époques, les styles et les rythmes avec brio. Le plateau lui-même mouvant élève parfois certains musiciens sur un promontoire et façonne constamment le décor en fonction des besoins d'un tableau : une rue, une discothèque, un petit bar miteux, un escalier de cabaret ou encore un salon familial.

Cocktail québécois
Ne laisse pas passer
La chance d'être aimé
Le cœur devient moins lourd
Quand on est en amour

« Quand on est en amour » (Patrick Normand, 1984)

Un peu de « Tu m'aimes-tu ? » de Richard Desjardins (T'es tellement, tellement, tellement belle !), un zeste de Roch Voisine (Comment t'aimer si tu t'en vas dans ton pays loin là-bas ?), un grain de Daniel Lavoie (« Ils s'aiment ») et on obtient un pot-pourri de chansons d'amour québécoises. Mises en rapport les unes avec les autres, « Je t'oublierai » d'Isabelle Boulay semble ainsi répondre avec humour et tendresse au pathétique « Je ne t'aime plus » de Mario Pelchat.

Toutes les vedettes de la chanson québécoise défilent sur la scène de Québec Issime : de Robert Charlebois à Lynda Lemay (« Le plus fort, c'est mon père » : Comment t'as fait Maman ?…) en passant par Diane Tell (Si j'étais un homme, je serai capitaine…) et Diane Dufresne (J'accepte ma folie comme une maladie), ou encore Garou et Bruno Pelletier, mais aussi le Cirque du Soleil avec sa féerie, ses clowns et ses acrobates. Avec Québec Issime, il y en a pour tous les goûts : une séquence disco démarre par le tube « 1990 » de Jean Leloup et s'achève sur un duo de batterie explosif, tandis qu'une autre, résolument nostalgique sous la lumière d'un réverbère et les trémolos d'un orgue limonaire, évoque entre autres Ginette Reno avec « Ma mère chantait toujours » et « Je ne suis qu'une chanson » ; Je ris, je pleure à la moindre émotion. Enfin, le Québec en chansons, c'est également l'empire Plamondon de la comédie musicale qui a propulsé bon nombre d'artistes québécois sur la scène internationale : de Starmania en 1978 à Notre-Dame de Paris vingt ans plus tard.
« Je me souviens... »
C't'aujourd'hui l'jour de l'an,
Gaie lon la mon Joe ma lurette,
C't'aujourd'hui l'jour de l'an,
Y faut changer d'maîtresse

« Mon Joe » (Paul Piché, 1977)

Dans les années 70, des tounes tirées du folklore sont remises au goût du jour : « Mon Joe » de Paul Piché, « La Prison de Londres » de Louise Forestier ou encore « Je suis cool » de Gilles Valiquette (Aujourd'hui j'me décide à chanter en joual (…) C'est ben l'fun). Pour illustrer cette époque, les musiciens habillés en hippies incarnent des personnages tel Plume Latraverse, la scène est jonchée de packs de bière et la musique teintée de résonances traditionnelles et de rythmes endiablés.

Un tableau, intitulé La Commune, débute avec un groupe d'interprètes réunis autour d'un feu de camp, un paysage de montagne et de forêt projeté en fond de scène : On a mis quelqu'un au monde, on devrait peut-être l'écouter (« Un musicien parmi tant d'autres » d'Harmonium). Empreint de poésie, notamment par l'évolution de l'éclairage, cette séquence se boucle sur des silhouettes en contre-jour fredonnant a capella « La Complainte du phoque en Alaska » de Beau Dommage :
Cré-moé, cré-moé pas
Quéqu' part en Alaska
Y a un phoque qui s'ennuie en maudit
Sa blonde est partie
Gagner sa vie
Dans un cirque aux États-Unis...
Un patrimoine en chansons
J'aime les nuits de Montréal
Pour moi ça vaut la place Pigalle.

« Les Nuits de Montréal » (Jacques Normand, 1961)

L'hiver occupe une place importante dans les textes des poètes et chansonniers québécois. Depuis le « Soir d'hiver » d'Émile Nelligan (mis en musique par Claude Léveillée et interprété par la chanteuse Monique Leyrac) : Ah ! comme la neige a neigé ! Ma vie est un jardin de givre ; jusqu'à « Mon pays » chanté par Gilles Vigneault :
Mon jardin ce n'est pas un jardin, c'est la plaine
Mon chemin ce n'est pas un chemin, c'est la neige
Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver...


Dans « L'Hymne au printemps » de Félix Leclerc les bourgeons sortent de la mort et les crapauds chantent la liberté : Comme un vieux râteau oublié, sous la neige je vais hiverner. Le répertoire de Robert Charlebois est lui aussi profondément marqué par les particularités propres au Québec. Le chanteur est à ce titre représenté dans le spectacle avec une écharpe de l'équipe de hockey de Montréal (Le Canadien) et une fleur de lys géante en fond de scène : 1,2,3,4,5,6,7, Québec ! (« Les ailes d'un ange »)

La survivance d'une langue
Là-bas on peut danser
Sur des rythmes yéyés
On peut rire et chanter
Oui on peut s'amuser yéyéyé

« Les boîtes à gogo » (Michèle Richard, 1966, adaptation française de At the scene popularisée par The Dave Clark Five)

Témoin d'une époque et d'une farouche résistance linguistique, un certain nombre de chansons québécoises sont des espèces de remake francophones de tubes anglophones. Dans le répertoire des années 60, on trouve ainsi des « tounes » du style « Manon, viens danser le ska » ou encore Carole, j'ai tant besoin de toi, ou bien aussi Quand je t'ai vu la première fois, Sylvie… Ces adaptations composées sur les airs de rock'n roll américains bien connus et autres Beatles anglais font désormais partie intégrante du répertoire québécois : Splish splash, je plonge dans mon bain (…) Splish splash, elle dansait le ya-ya... En 1970, la chanson de Renée Claude « C'est le début d'un temps nouveau » est devenue un hymne que l'on brandit au Québec à diverses occasions, notamment politiques.
Toutes générations confondues, les Québécois connaissent leur répertoire traditionnel et contemporain. De nombreux groupes actuels continuent d'ailleurs à diffuser les airs d'autrefois, dont La Bottine souriante. De plus, de nombreuses chansons sont reprises par les artistes d'aujourd'hui, perpétuant ainsi la tradition. Par exemple, « La Manic » chantée par Georges Dor en 1966 est reprise trente ans plus tard par Bruno Pelletier : Si tu savais comme on s'ennuie à la Manic… Idem pour la chanson de Raymond Lévesque en 1956 « Quand les hommes vivront d'amour » (…il n'y aura plus de misère) reprise par Fabienne Thibault en 1998 (mais aussi Robert Charlebois, Gilles Vigneault et Félix Leclerc en 1974, Nicole Croisille en 1980 et Enrico Macias en 1989) ou encore « Frédéric » interprété par Claude Léveillée en 1963 puis en duo avec Isabelle Boulay en 2000 : Je me fous du monde entier quand Frédéric me rappelle les amours de nos vingt ans.

Le fleuron culturel de la fleur de lys
Moé j'viens d'l'Abitibi,
moé j'viens dla Bitt à Tibi,
moé j'viens d'un pays kié de lacs bin rar.
Moé j'viens d'un pays ousss ke l'pouesson mord.

« La Bittt à Tibi » (Raoul Duguay, 1975)

Le dernier tableau, La Veillée du bon vieux temps, présente l'intérieur d'une maison, avec un vieux poêle, une croix accrochée au mur, un fusil suspendu au-dessus de la porte d'entrée et un panneau « Aimez vos parents », une mamie qui tricote sur une chaise à bascule près d'une vieille radio et un pépé avec sa canne et sa pipe. Les artistes portent des chemises de bûcherons canadiens à carreaux rouges et noirs ou la ceinture multicolore traditionnelle du Québec. Harmonica, rythmes à la cuillère et danses en ligne animent toute la maisonnée d'un caractère de country enjoué. Les artistes entrent tour à tour dans la salle à manger, se saluent et dansent en ligne et en couple, bras dessus, bras dessous, c'est la gigue à mon beau frère (…) Et comme on dit, on est icitte pour s'amuser :
Ah ! C'est la tarte à ma grand-mère
C'est la tante à mon beau-frère
Ah ! La belle-sœur à mon cousin
Ah ! C'est la fête à mon grand-père
Que y'a, que y'a du monde dans la salle à manger
.
« La parenté » (interprété successivement par Jacques Labrecque en 1957, Monique Leyrac en 1966 et remis au goût du jour par la Bottine Souriante en 1987)

Ces refrains tirés du folklore québécois sont repris avec gaieté par le public. D'ailleurs, les artistes invitent le public à danser sur scène. Au moment du salut, tous les artistes reviennent sur scène, endossant chacun un costume différent, brassant ainsi les personnages de Jean Leloup, Diane Tell, Robert Charlebois, Isabelle Boulay, réunissant les générations et les époques dans une meute de Québécois soudés pour entonner chacun une phrase puis reprendre en chœur l'incontournable classique québécois :
J'ai refait le plus beau voyage
De mon enfance à aujourd'hui
(…) J'ai revu mes appartenances,
(…) Et c'est de toutes mes partances
Le plus heureux flash de ma vie !

« Le plus beau des voyages » (Claude Gauthier, 1972)

Nota bene : Pour les gourmands, un forfait souper-spectacle...
Liens :
- Le site internet du spectacle QuébecIssime
- Le site de Mary Travers dite "La Bolduc" (1894-1941) considérée comme la première auteure-compositeure-interprète du Québec : http://www.labolduc.qc.ca
- Le groupe La Bottine souriante : http://www.bottinesouriante.com

mercredi 4 juin 2003

La Binerie du Mont-Royal

« Icite, c’est pas pour le décor qu’on vient, c’est pour manger ! »
La Binerie est un minuscule établissement coincé entre deux immeubles qui ne lui ont laissé qu’une quinzaine de pieds de façade, le forçant de s’allonger comme un wagon-restaurant. À l’intérieur, un comptoir bordé de tabourets fait presque toute la longueur du local. Au fond, (…) on a réussi à caser deux tables avec banquettes. Derrière, se trouve une petite pièce fermée où se démène le cuisinier. On a installé les toilettes au sous-sol. Il faut passer derrière le comptoir pour s’y rendre et emprunter un petit escalier en casse-cou (…). Chaque pouce cube a été judicieusement employé, après de longues réflexions. Ainsi, l’espace d’un placard à balai fut remplacé au profit d’une table chauffante à température réglable qui permet à certains plats, comme la tourtière ou le bouilli, de conserver leur fraîcheur et leur température après avoir quitté le feu.

Cuisine maison et ambiance familiale
« Icite, tout est cuisiné sur place et les patates sont épluchées à la main ! »
Depuis 1938, on peut manger accoudé sur le zinc aux côtés des joueurs de hockey nationaux qui venaient chaque semaine y avaler leur plat de « bines » (des fèves au lard), ou encore des célébrités tels que Serge Lama (« Il vient à chacune de ses tournées ! »), Didier Barbelivien, Maurice Richard (une légende du hockey canadien) et bien d’autres ; les photos épinglées sur les murs en témoignent. « Gilles Vigneault est v’nu y’a deux s’maines ! » La croix du Christ est suspendue au-dessus de l’entrée de la cuisine. La Binerie est une entreprise familiale où les patrons se succèdent de père en fils, d’oncle à neveu, de beau-père à gendre, de cousin éloigné à beau-frère.

Tout le long du comptoir, on ne voyait que des têtes penchées, des fourchettes en mouvements, des bouches en train de mastiquer, des tasses obliques en train de se vider. Les clients parlaient peu, (…) la bonne chère les absorbait. Près de la caisse, un vieux chauffeur de taxi, sa casquette rejetée en arrière, venait d’attaquer une assiette de bœuf aux légumes pleine de gros morceaux de viande juteux tout en discutant avec Gisèle des avantages respectifs de la vie de célibataire et d’homme marié.

- « Sur quoi qu’t’écris, Yves ? » 
- « Sur la maisonnée ! »
L’écrivain Yves Beauchemin, habitué du lieu, a fini par s’inspirer du va-et-vient incessant du restaurant pour y consacrer un roman paru en 1981, intitulé Le Matou, devenu depuis un classique de la littérature québécoise (Prix de la ville de Montréal, Prix littéraire du Journal de Montréal en 1981, Prix du livre d’été à Cannes en 1982, Prix du public au Salon du livre de Montréal en 1985 et Prix littéraire des lycéens d’Île-de-France en 1992). Vendu à plus d’un million d’exemplaires et traduit en dix-sept langues, le roman popularise la Binerie dans le monde entier ! Ces 583 pages ont même été adaptées au cinéma pour un film tourné sur place : « 100 % filmé icite ! » Réalisé en 1985 par Jean Beaudin, ce long-métrage obtient le Prix du Festival International du Film à Québec et le Prix du jury du Festival des films du monde de Montréal. En 1987, l’histoire devient même l’objet d’une série télévisée.

« 109 sites répertoriés sur Internet ! »
… Et pourtant on ne peut y accommoder que dix-sept clients à la fois, mais ces derniers se succèdent à une belle cadence, car l’endroit est renommé pour sa bonne grosse nourriture paysanne. […] La force du restaurant réside dans la qualité de sa nourriture, la rapidité du service et la modicité relative des prix, rendue possible par l’économie d’entretien d’un local tellement exigu.
Alors, vu le succès, pourquoi la Binerie ne s’est-elle pas agrandie ?
Voilà bien une manie américaine de vouloir transformer les bons restaurants en usine ! Comment voulez-vous contrôler la qualité de la nourriture quand vous avez à peine le temps de soulever le couvercle de tous vos chaudrons ? Le chef choisit en effet lui-même tous ses légumes. N’y cherchez ni frites, ni poutines, ni burgers, « icite, tout est 100 % québécois » : soupe aux pois, ragoût de boulettes, pâté chinois (patates pilées, viande hachée et grains de maïs), tourtières, lard salé, cretons, T-bone, fèves au lard…

« Les fèves, c’est bon pour la santé »
50 % des clients de la Binerie viennent pour les fèves. Ce tout petit restaurant est devenu une véritable institution en matière de fèves au lard. Pour les novices et les affamés, « l’assiette maison » se compose d’une part de tourtière accompagné de ragoût et également de fèves au lard. Et en dessert : une tarte au sucre chaude avec une boule de crème glacée ou du pouding chômeur arrosé de sirop d’érable, le tout avec un café ou un thé. Aucun hamburger, ni fritures, juste des sandwiches 100 % terroir québécois : creton, fromage grillé, lard salé, rôti de porc frais… Les plats de la Binerie incluent une soupe, un breuvage et un dessert. Et puis, à la Binerie, on peut même emporter : manger chez soi une part de tourtière, déguster une tarte au sucre maison sur son canapé, savourer une portion de bines devant un match de hockey à la télé… S’offrir un morceau de Binerie pour la maison…

La Binerie du Mont-Royal à Montréal
 367, Mont-Royal Est, coin Saint-Denis - Métro Mont-Royal (514) 285-9078

Citations entre guillemets de Bernard Deschamps, gérant de la Binerie.
Citations en italiques tirées du livre d’Yves Beauchemin : Le Matou (Québec/Amérique, 1981).

vendredi 16 mai 2003

Ma première déclaration… québécoise


Naïvement, je pensais que la France était le pays où l’impôt était le plus complexe…

« Note 2 de l’annexe 1 du formulaire TI-2002 relatif à l’impôt fédéral du Canada : Il s’agit du montant de la ligne 236 de votre déclaration, plus celui de la ligne 3 du formulaire T1206, moins les montants suivants : le total des lignes 248, 249, 250, 253 et 254. Si le résultat est moins élevé que le montant de la ligne 433, inscrivez votre impôt fédéral de base à la ligne (ii) » (sic)

En effet, j’imaginais le Canada comme une contrée idyllique où le système d’imposition serait un jeu d’enfant, comme un pays en avance où les déclarations de revenus auraient été simplifiées avec le progrès, comme un territoire béni des cieux où la paperasse administrative aurait été réduite à l’essentiel. Erreur… 

Tout d’abord, tu complètes deux déclarations : l’une pour le gouvernement fédéral (le Canada), l’autre à l’attention du gouvernement provincial (le Québec). Bref, bingo : tu gagnes deux impôts pour le prix d’un.

Ensuite, les lignes sont multiples et les annexes infinies. Mais, heureusement, il y a un mode d’emploi. Pourtant, dès que tu rencontres un problème, tu trouves généralement deux solutions contradictoires. De plus, comme pour tout document législatif, les phrases les plus importantes sont fréquemment les plus difficiles à comprendre : vocabulaire mystérieux, tournure de phrase peu usitée ou encore sémantique ambiguë qui engendrent des significations multiples. Bref, un langage difficile à décoder pour un non-initié de la bureaucratie.

Par ailleurs, tous les cas semblent néanmoins avoir été prévus : tu trouves en effet des lignes comme « Récupération apprenti mécanicien » ou encore « Déduction pour la résidence d’un membre du clergé » et même, tragique ironie du sort, « Si c’est la déclaration d’une personne décédée, inscrivez la date du décès ». En revanche, je ne comprends pas, j’ai beau chercher partout, je ne trouve pas le cas : « Employé polyvalent qui cumule toutes sortes de job, salarié parfois, contractuel la plupart du temps, travailleur indépendant pour les uns et travailleur à domicile pour les autres ».

Enfin, le Canada est entré avec majesté dans l’ère miraculeuse de l’informatique où tout est censé être automatisé dans le but de te faciliter la vie. Ainsi, il existe un logiciel tout bonnement génial qui te permet de remplir tes feuilles d’impôt. Ça s’appelle « ImpôtRapide de luxe ». À partir des renseignements que tu donnes au début de la manœuvre, ce prodigieux programme te calcule automatiquement ton impôt et te complète toutes tes lignes en intégrant les pourcentages et déductions qu’il faut. Bref, le rêve !
En outre, de sympathiques fenêtres s’ouvrent afin de te rassurer au cours de la manœuvre et t’informer gentiment que : « Des résultats inattendus peuvent apparaître sur vos formulaires ». D’autres fois, des cases conseil apparaissent : « Assurez-vous que les cases A et J de votre relevé 1 soient bien complétées. La case 14 du feuillet T4 correspond, généralement, à la case A moins la case J du relevé 1 (le montant de la case J est inclus dans celui de la case A) » (citation véridique recopiée sans aucun trucage). Au fur et à mesure que tu remplis les cases d’information, des formulaires sont automatiquement générés par le système électronique : j’ai ainsi atteint un total impressionnant de 11 ! Arrivé à la ligne 5932, tu as légèrement le vertige…

Cependant, il y a un hic… Lorsque tu as terminé, un message t’annonce qu’en tant que nouvel arrivant, il t’est impossible de faire ta première déclaration dans le pays via l’informatique. Sachant que le logiciel t’a coûté 50 dollars plus les taxes (provinciales et fédérales) — le tout non déductible —, tu es légèrement dégoûté que personne n’ait pensé à indiquer ce détail sur l’emballage (même inscrit en tout petit dans un coin), voire prévu un message au moment où tu indiques, dès le début du premier formulaire, que tu viens d’immigrer.

Tu optes alors, comme 99 % des Québécois, pour faire appel à une des nombreuses petites annonces accrochées dans les supermarchés ou diffusées dans les journaux gratuits distribués dans le métro : « Remplis vos déclarations d’impôts pour 25 $ ». Finalement, c’est moins cher que le logiciel… Ils représentent sans doute le 1 % qui remplit sa déclaration lui-même.